Selon Robert AMBELAIN, le rite de Mizraïm serait né à Venise en 1788 sous la forme d’une loge fondée par un groupe de sociniens auxquels Cagliostro aurait accordé une patente de constitution.
Selon certains documents cités par Gastone VENTURA, une loge de Mizraïm existait à Venise en 1796, et elle aurait été reconstituée plus tard, en 1801, par le Frère Tassoni, après avoir été mise en sommeil en 1797 sous l’occupation autrichienne.
Selon d’autres sources non attestées historiquement (car la science d’Hermès et l’histoire ne se marient pas toujours…), l’origine du rite de Mizraïm est à rechercher du côté de Naples en Italie. Des archives attesteraient de la fondation par le prince Raimondo DI SANGRO DI SANSEVERO d’un Antiquus Ordo AEgypti, qui aurait utilisé entre autres le Rite de Mizraïm et ce dès 1747. Cette Loge, dont aurait été membre le baron de TSCHOUDY, se serait réunie dans son palais.
Au 18ème siècle le courant hermétique est conservé quasiment exclusivement des familles d’aristocrates dont celle du prince Raimondo DI SANGRO DI SANSEVERO. A cette époque, ce courant est dit napolitain car c’est le lieu par excellence de convergence des voies hermétiques, ainsi quand, à propos des Arcana Arcanorum, nous parlons de « l’échelle de Naples », il est en fait question de l’expression de ce courant et de rien d’autre, mais à quel moment ce courant napolitain donna naissance au rite de Mizraïm, personne ne l’a encore découvert.
La première loge française de Mizraïm (Mizraïm signifiant « Égypte » en hébreu) attestée fut fondée en 1814-1815 à Paris par les trois frères Marc, Michel et Joseph BEDARRIDE, cadres moyens de l’armée impériale en Italie, qui ramenaient ce rite de Naples.
Il apparaît que le système du rite de Mizraïm et les chartes des frères BEDARRIDE aient convaincu divers maçons, dont THORY et le Comte MURAIRE, qui les mirent en relation avec d’autres maçons du rite Ecossais. Quelques autres loges furent ainsi créées, mais les frères BEDARRIDE, réduits au chômage avec la fin de l’Empire et n’ayant pu réussir à se reconvertir dans la parfumerie, commencèrent à vivre de la diffusion de leur rite ce qui poussa quelques frères à s’en retirer et à demander en 1816, sans succès, leur admission au sein du « Grand Consistoire » du Grand Orient de France.
Le rite de Misraïm poursuivra son histoire avec des hauts et des bas jusqu’en 1822, date à laquelle, du fait des sympathies napoléoniennes des BEDARRIDE et de leurs affiliés, il fut interdit par la police. Celle-ci ferma la dizaine de loges qui le composaient et confisqua une grande partie de ses archives. En 1831, le rite obtint de la Monarchie de Juillet le droit de se reconstituer, mais seules quatre loges parisiennes y parvinrent.
Entre les années 1848 et 1862, le rite de Mizraïm traversa une crise. Michel BEDARRIDE ayant une administration très contestée et sa gestion financière jugée peu orthodoxe, quelques frères quittèrent l’obédience et, ne pouvant créer une autre structure, entrèrent au Grand Orient de France. En 1858, le Grand Maître du Grand Orient de France fit savoir que les frères de Mizraïm ne pouvaient être reçus en visite dans les loges du Grand Orient de France.
Michel BEDARRIDE transmit avant sa mort, en 1856, la charge de diriger l’ordre à HAYERE auquel succédèrent GIRAULT en 1876, OSSELIN père vers 1884, puis Jules OSSELIN en 1887.
En 1889, le Rite de Mizraïm placé sous la juridiction française comptait trois loges à Paris (l’Arc en Ciel, Le Buisson Ardent et les Pyramides), cinq loges en Provence et à Marseille, deux loges à Tours, une loge à Libourne, deux à New-York, une à Buenos-Aires et une à Alexandrie. À celles-ci, il convenait d’ajouter les loges de la juridiction italienne qui était alors indépendante.
Par la suite, le rite de Mizraïm disparaît en France mais il semble qu’il soit introduit en Angleterre par le frère Isaac Adolphe CREMIEUX, haut dignitaire du rite. Robert WENTWORTH LITTLE, le comte de LIMERICK, Sigismond ROSENTHAL et E.H. FINNEY fondent un Suprême Conseil Général 90° du rite de Mizraïm en 1870, se revendiquant d’une consécration de CREMIEUX. C’est vraisemblablement John YARKER qui succéda à cette équipe et fût Souverain Grand Maître de Mizraïm pour la Grande-Bretagne. Ce Suprême Conseil Général reçu aussi une charte délivrée en 1881 par Giambattitsa PESSINA du rite réformé de Mizraïm qui avait son siège à Naples…
Cette filiation s’est transmise de John YARKER à Georges LAGREZE, détenteur fidèle de tant de filiations initiatiques, puis à Jean-Henri PROBST-BIRABEN jusqu’à nous.