Le symbolisme de l’épée flamboyante

(Extrait d’un morceau d’archit:.présenté par le F:. A. Chabot à la Loge Humanidad)

Annales Initiatiques N°51 Octobre, Novembre, Décembre 1932

Il peut sembler étrange de voir figurer parmi les symboles essentiels de la maçonnerie une arme de guerre, ou de défense individuelle, aussi s’est-on demandé si le glaive était vraiment à sa place dans une loge maçonnique.
Un usage très ancien, cependant, prescrit de placer pendant la cérémonie, un frère armé d’un f=glaive devant la porte du temple pour écarter les profanes. La Bible ne fait-elle pas non plus garder l’entrée du Paradis par des Cheroubs brandissant une épée qu’ils font tourbillonner en un cercle de feu ? Les traducteurs Alexandrins du texte hébraïques ont cru qu’il s’agissait d’une épée onduleuse ou flamboyante, sans doute parce qu’une arme semblable devait leur être connue. Cependant, l’épée flamboyante, par sa forme ondulée, paraît être une arme très peu pratique au point de vue guerrier : par contre, elle pourrait être le symbole du rayonnement de la pensée et du verbe.
Il parait que l’épée flamboyante est aussi une arme dont se servent les magiciens, dans leurs cérémonies, servant à la fois pour le commandement et pour la défense, par exemple pour dissoudre les coagulations fluidiques par la pointe de l’épée.
Mais revenons au sujet de cette étude qui est surtout le rôle du glaive dans les différentes cérémonies maçonniques.
Dans les temples anciens, le récipiendaire était introduit en loge la corde au cou. Un noeud coulant l’étranglait s’il tentait de reculer, et il était empêcher d’avancer par la pointe acérée d’un glaive qui lui piquait la poitrine.
Aujourd’hui, avant la consécration du néophyte, celui-ci est soumis à un certain nombre d’épreuves qui ont presque toujours pour effet de produire une état de trouble dans l’âme du candidat, et de ce fait, le met plus ou moins dans un état de passivité propre à recevoir la lumière. Cette série d’épreuves aurait-elle pour effet de capter certaines forces occultes de l’Ordre maçonnique et que le Vénérable invoque justement, le glaive en main, au moment de la consécration en disant : “ Au nom… et en vertu des pouvoirs…, je vous reçois et constitue…etc.”
A ce moment que se passe-t’il dans l’âme du candidat ? *
Selon son degré de sensibilité, de développement spirituel, il sera plus ou moins impressionné par le mystère qui l’entoure et il subira l’influence du pouvoir créateur généré par la pensée du Vénérable et dirigé par le glaive. De plus, l’influence des vibrations sonores produites sur l’épée par les trois coups de maillet peut, en fonction des fonctions génératrices du son, produire une impression sur les sens psychiques du récipiendaire.
Il s’ensuit donc que l’épée flamboyante n’est pas seulement symbolique, mais elle peut être une arme magique résumant entre les mains de l’initié le pouvoir du commandement, de création et peut-être aussi de destruction suivant les intentions de l’opérateur.
Nous sommes en présence d’une opération de haute-magie, qu’ignorent, la plupart du temps, le vénérable et le récipiendaire qui ne voient dans cette cérémonie que du symbolisme maçonnique.
D’autres considérations peuvent encore entrer en jeu : l’influence du geste par exemple, qui a une importance capitale sur la détermination de l’opération. Il suffit, pour en avoir une idée, de consulter le magistral ouvrage du Baron de Potet : La magie dévoilée. Le geste est par lui-même une stimulant, comme le coup de poing sur la table augmente notre colère.Il permet de mieux concentrer la pensée, la volonté d’extérioriser notre influx psychique et de le diriger. Le geste, par lui-même, accompagné de paroles “ Je vous crée et constitue…” détermine chez le vénérable une émission fluidique canalisée par l’épée flamboyante.
Les expériences de magie magnétique du baron du Potet, nous prouvent que l’influence du geste sert à capter et à polariser les fluides ambiants.Elles démontrent que nous pouvons, à volonté, à condition que nous ayons l’entraînement suffisant et le droit de disposer de ce pouvoir, donner à la force nerveuse, à l’émission magnétique, une direction déterminée, ainsi qu’une impression particulière, “J’ai senti les atteintes de cette redoutable puissance, écrit du Potet. Un jour, entouré d’un grand nombre de personnes, je faisais des expériences sur des données nouvelles, qui m’étaient personnelles. Cette force – un autre dirait ce démon – évoquée, agita tout mon être ; il me sembla que le vide se faisait autour de moi, que j’étais entourée d’une vapeur légèrement colorée. Tous les sens paraissaient avoir double activité, et, ce qui ne pouvait être une illusion, mes pieds se recourbaient dans leur prison, de manière à me faire éprouver une vive douleur… une puissance occulte venait de me prêter son concours, s’était soudée avec la force qui m’était propre, et me permettait de voir la Lumière…”
Une autre considération qui me paraît également intéressante est celle-ci :pourquoi l’épée flamboyante est-elle tenue de la main gauche ?
Pour répondre à cette question, je pense qu’il faut admettre certaines théories de l’occultisme : la main et tout le côté gauche du corps humain sont attractifs, absorbants, alors que la main et tout le côté droit sont répulsifs, rayonnants. Puisque la main gauche est attractive, je crois que l’on peut admettre que l’épée flamboyante, tenue de la main gauche, a un pouvoir attractif, analogue aux paroles que prononce, à ce moment là le vénérable en disant Au nom du…
Ainsi par tous ces moyens conjugués, le vénérable peut capter et polariser les fluides ambiants, pour les diriger vers le néophyte par sa volonté, symbolisée par l’épée flamboyante.